Entrevue avec les propriétaires de Rookery : JR et Louis

Questions worth Answering avec Jean-René et Louis

Le 2 mars dernier avait lieu le second anniversaire de la boutique Rookery. Pour l’occasion, la semaine dernière, on vous a fait un petit résumé du shop, du brand et de ce qui s’en vient. Cette semaine, j’ai préparé un petit Q&A avec les deux fondateurs du Rookery, soit Jean-René (J-R) et Louis. J’ai eu l’occasion de leur poser des questions en lien avec leur parcours, leur préférence en matière de skate, le rôle du skateshop dans la vie communautaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, ce qui attend le Rookery pour les prochaines années et le skate aux Jeux olympiques de 2020.

 

Comment vous êtes-vous rencontré?

LOUIS : À travers des amis communs qui étaient parmi les pionniers, de la scène du skate à Saint-Jean-sur-Richelieu. Je ne me souviens pas exactement de la première rencontre, mais un de mes souvenirs lointains est la fois où nous sommes allés voir une démo de vert à l’aréna de Brossard, qui était organisée par Hobbie’s, le skateshop de l’époque. C’était au printemps 1989, Danny Way, Tony Magnusson, Dave Crabb et quelques autres rippers de vert de l’époque étaient venus au Québec. C’était la première fois que je partais sans supervision avec des amis et cette démo a changé ma vie… Je faisais déjà du skate depuis l’été ’86, mais c’est cet évènement qui a fait de moi un skater pour la vie!

 

Depuis combien de temps ridez-vous et qu’est-ce que ça prend pour être capable de rider à votre âge?

LOUIS : J’ai commencé à l’été 1986 grâce à Back to the Future et Thrashin’ ahaha, donc ça fait 33 ans que je roule sur un board. Je skates encore aujourd’hui, grâce aux mercredis Rookery au skatepark de Saint-Jean-sur-Richelieu… C’est de plus en plus dur sur le corps, mais je ne peux pas m’empêcher de sauter sur mon board de ripper avec les kids pendant les jams. Skate or die comme y disent !!!

 

J-R : C’est en 1984 ou 1985 que j’ai eu mon premier skateboard, j’ai ensuite connu des gars comme Martin Berger, Sébastien Langlois, Yannick Sylvain, qui était les « core » skaters du coin. Mon père a ensuite construit une rampe qui était sur la rue St-Jacques près du cimetière, certaines personnes vont se rappeller de cette rampe. C’est ainsi que ma vie de skater a commencé. Mais maintenant je ride pratiquement plus depuis que le skatepark du Orbite a été démoli, car je faisais presque uniquement de la mini-rampe très relaxe. À mon âge, il faut juste être encore capable de tomber ahaha, ce qui n’est pas évident.

 

Quel est votre background dans le monde du skate?

LOUIS : À part de rider depuis 33 ans, j’ai travaillé chez Orbite Sports a la fin des années ‘90, début 2000. J’ai eu mon premier job de représentant pour des brands comme Osiris, Obey, Krew et TSA pendant 3 ans, merci à mon ami d’enfance Jonh Genier, qui m’a donné cette opportunité. Ensuite, j’ai occupé le poste de gérant du Orbite à Sorel pendant 1 an. Après j’ai fait une année comme gérant du Adrénaline, sur le boulevard Taschereau. En décembre 2005, j’ai eu la chance de devenir le représentant québécois pour Centre distribution, qui était et est encore un joueur majeur de l’industrie du skateboard au Canada. Mes boss étaient Moses Itkonen, Rob ‘’sluggo’’ Boyce et Colin Mckay, trois Canadiens qui ont eu des carrières pros aux États-Unis dans les années ’90, y’a pas plus legit comme background de compagnie. Je représentais des brands comme RDS, Fallen, Independent trucks, Plan B, Santa Cruz et plus de 20 autres. J’ai fait ce job pendant un peu plus de 11 ans avant de me lancer dans l’ouverture du Rookery en mars 2017.

 

J-R : À partir de l’âge de 12 ans trippant sur le skateboard, j’ai construit plusieurs rampes avec mon père et ensuite seul avec les chums, de la rampe de 9 pieds à la mini-rampe avec spine, nous avons pratiquement tout essayé. À 22 ans, j’ai ouvert mon premier skateshop, C’était en 1994, ici à Saint-Jean-sur-Richelieu. J’ai aussi eu un skateshop à Sorel pendant 5 ans. Le Orbite a été ouvert de 1994 à 2014, lorsque la ville a démoli mon immeuble pour construire le nouveau pont du Vieux Saint-Jean.

Qui était votre sponsor de rêve lorsque vous étiez jeune?

LOUIS : Mon «prime time» sur mon skate était au début des années 90, donc H-street ou PlanB. Disons que le jeune Louis de 15 ans serait tombé sur le cul de savoir que 20 ans plus tard il serait représentant pour Plan B ahaha!

 

J-R : H-street et plan B

Quelles sont vos autres passions mises à part le skate?

LOUIS : La musique! Je suis tombé dans la collection de vinyles de mon grand frère à l’âge de 5 ans… Ozzy Osborne, AC/DC et Iron Maiden ont bercé mon enfance. Dès l’âge de 15 ans, je me suis mis à jouer dans des bands punks et hardcore. Mon dernier projet était Ok Volca avec qui j’ai fait 2 albums, 8 vidéoclips et 3 tournées québécoises. Tout ça s’est éteint en septembre 2013, par manque de temps.

J-R : En 1991-92 j’ai découvert par hasard le wakeboard et j’ai embarqué à fond dans ce sport, et même été champion Québécois en 1997. Puis je suis devenu le premier président de l’association de wakeboard du Québec pendant plusieurs années, et avec la boutique Orbite, j’ai ouvert une école de wakeboard ici sur la rivière Richelieu, pour tranquillement ensuite dériver vers le wakesurf, que je pratique encore chaque saison!

 

Le monde du skate a beaucoup évolué depuis les années 90, qu’est-ce qui a le plus changé selon vous?

LOUIS : L’arrivée des grosses compagnies comme Nike SB, Adidas, etc. dans une industrie composée à 99% par des skaters, pour des skaters. Un autre aspect qui a beaucoup changé est l’arrivée d’Internet et des médias sociaux. Aujourd’hui, on voit tout, tout de suite. Jusqu’au début des années 2000, on attendait les vidéos des compagnies, qui sortaient aux 2 ans. Chaque vidéo apportait beaucoup d’évolutions dans les tricks et les nouvelles trends. Aujourd’hui, l’effet-surprise n’y est plus.

 

J-R : Comment les riders sont techniques et précis maintenant, dans les années 80, les skateboards étaient lourds et gros ce qui limitait les trucs possibles.

 

Depuis quelques années, le skate est de plus en plus populaire, à quoi attribuez-vous cette recrudescence et pensez-vous que ça va continuer comme ça?

LOUIS : Le look skaters est plus populaire, presque tous les trends en mode viennent des skaters. Je ne crois pas qu’il y a plus de skaters aujourd’hui qu’il y en avait au début des années 2000, quand Tony Hawk pro skaters était dans toutes les PlayStation de la planète et que tout le monde portait des shoes de skate, t’sais les gros souliers Osiris, Globe, etc.

 

J-R : On espère que ça va continuer! Le fait que les villes investissent maintenant dans des skateparks de qualités, ça joue pour beaucoup, si on n’a pas d’arénas, on aura jamais de bons joueurs de hockey, c’est la même chose pour le skate.

 

Qui est votre rider préféré?

LOUIS : Ya en a beaucoup… On va y aller par décennie :

90 : Matt Hensley

2000 : Jerry Hsu

Aujourd’hui : Evan Smith

 

J-R : Matts hensley, Danny Way, mais maintenant, the man « Jamie Foy », et le trop technique Aurélien Giraud.

 

Quel est le vidéo de skate qui vous a le plus marqué et pourquoi?

LOUIS : H-Street Hokus Pokus, encore une fois, c’est apparu pendant mon prime fin 80. J’ai probablement écouté ce vidéo des milliers de fois. On voulait tous être Matt Hensley!

 

J-R : Hokus Pokus de H-Street, en VHS biens sur, une révolution de la street. Et la part de mini-rampe dans le film Questionnable de Plan B

Quel est le rôle de chacun au magasin?

LOUIS : Moi je m’occupe de faire les commandes, payer les comptes, gérer le plancher, etc., mais on touche pas mal à tous les aspects un et l’autre.

 

J-R : Je m’occupe plus du marketing, design des produits Rookery, pub et réseaux sociaux.

 

 

Le Rookery, c’est plus qu’un magasin, quels sont vos autres objectifs?

LES DEUX : Le but d’un skateshop n’est pas juste de te vendre des produits, c’est important de supporter la scène locale, soit par des évènements ou en commanditant les meilleurs skaters du coin. Le but est de créer une communauté. Le skateboard n’est pas un : « sport » fédéré où l’argent coule à flots pour les skaters qui veulent faire une carrière. Sans skateshops et support des compagnies, on n’a plus rien. L’esprit DIY à son meilleur. Pour faire grandir une scène, on doit investir dans les gens. C’est pourquoi nos mercredis Rookery, pour jaser et rider un peu avec le monde du coin.

 

Vos collections sont toutes offertes en quantité limitées, pour quoi faire des mini-release pour vos collections?

LOUIS : Aujourd`hui tout est dans l’exclusivité, faire et refaire le même t-shirt pendant des années c’est chose du passé. En plus, Saint-Jean-sur-Richelieu ce n’est pas très grand, ça se brule vite un nom quand il y a juste trop de gens qui porte la même chose.

 

J-R : Je veux garder une certaine exclusivité. Saint-Jean-sur-Richelieu c’est une petite ville donc on ne veut pas que tout le monde ait le même chandail, en même temps j’ai des tonnes d’idées donc pour moi c’est juste plus plaisant.

 

Comment ça fonctionne designer vos vêtements et stickers?

LOUIS : Jean-René, c’est lui le cerveau derrière tout ça! Pour ma part ça se limite à revoir les designs et apporter mon opinion.

 

J-R : Je dessine toujours, je prends souvent de l’avance dans des designs qui me passent par la tête. C’est souvent des idées qui arrivent de « no where » ou juste des trucs que j’aimerais porter ou voir. J’ai la chance aussi de voyager beaucoup ca m’inspire souvent pour des designs. En étant dans la boutique, je vois beaucoup les tendances, aussi la culture du streetwear.

 

Qu’est-ce qui attend la boutique pour la prochaine année (nouveautés, collaborations, évènements)?

LOUIS : Nos jams du mercredi vont recommencer quelque part en mai, et ce jusqu’au mois de septembre. Une collaboration avec le groupe SUBB, et un déménagement début 2020… Si Dieu le veut!

 

J-R : Plus de collabs avec des artistes du coin, mais aussi de Montréal. J’ai des contacts avec des artistes de San Francisco et Los Angeles pour de futures collab. On va revenir cette année avec des mercredis Rookery chaque semaine, l’an dernier on était aux 2 semaines et c’était trop distancé comme date.

 

 

Que pensez-vous du skateboard devenu une discipline officielle des jeux Olympiques de 2020?

LOUIS : Comme Tony Hawk a déjà dit : les Olympiques ont beaucoup plus besoin du skateboard que le skateboard a besoin des Olympiques… Les jeunes d’aujourd’hui ne se reconnaissent pas dans des disciplines comme l’aviron, le lancer du disque ou n’importe lesquelles de ces vieilles disciplines. Ils veulent de l’action, de la vitesse et du air!!!! Personnellement, le vrai skateboard se passe dans la rue, pas à la télé. Keep skateboarding dangerous and raw!!!!

 

J-R : Je ne trippe pas, mais l’avantage c’est que des budgets vont être maintenant disponibles, donc plus de skateparks.

 

Pensez-vous que le Canada va se retrouver sur le podium, si oui, quel rider obtiendra une médaille?

LOUIS : On n’a pas encore les noms des représentants officiels du Canada, mais Ryan Decenzo est probablement l’arme secrète du Canada pour ce genre de contesté. On espère bien voir des Québécois dans le lot, JS Lapierre risque d’être de la partie, ce qui serait très cool pour notre province et région.

 

Bref, si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à aller voir les gars à la boutique, ils sont super accueillants et toujours prêts à répondre à vos questions. Sinon, ne manquez pas les mercredis Rookery qui devraient débuter en mai. Et encore un gros merci à J-R et Louis de nous avoir fait découvrir un peu plus d’histoire sur la scène du skate à Saint-Jean et d’aider à écrire les prochaines années.

 

Francis Durand

Francis Durand
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